Le signe « ; », qu’on appelle aujourd’hui point-virgule, s’appelait autrefois periodus. C’était alors un signe de ponctuation forte qui avait pour fonction de clore une période, c’est-à-dire un ensemble de phrases qui exprime une pensée complète. Cet emploi est maintenant dévolu au point. Vers la fin du XVe siècle, le signe « ; » avait une nouvelle fonction : celle de marquer une pause plus longue que la virgule, mais plus courte que le point. Le point-virgule a été très utilisé au XVIIe siècle, notamment pour séparer les différentes parties d’un raisonnement. À la fin du XVIIIe siècle, toutefois, les écrivains se voyaient obligés d’insister pour que ce signe de ponctuation soit conservé dans leurs écrits; il était en effet souvent modifié par les imprimeurs, qui avaient, à cette époque, le pouvoir de modifier les textes qu’ils imprimaient.
Aujourd’hui, on semble se méfier du point-virgule; on lui préfère souvent la virgule, le point ou les deux-points. Certains se demandent même si ce signe de ponctuation ne risque pas de disparaître. Quelques grands auteurs le détestent et l’évitent systématiquement, alors que d’autres l’affectionnent tout particulièrement. Le point-virgule est d’ailleurs plus présent dans les textes littéraires et dans les textes techniques que dans la presse.
Le point-virgule est un signe de ponctuation moyenne; sa valeur se situe entre celle de la virgule et celle du point. Il permet de lier (car il lie davantage qu’il ne sépare) deux propositions ayant un point commun au point de vue du sens. Il permet d’organiser les différentes propositions, de souligner l’enchaînement des idées énoncées, de clarifier le plan du discours. Principalement employé dans les longues phrases, il peut également lier de courtes propositions étroitement liées par le sens.
On ne met généralement pas d’espacement devant le point-virgule, à moins que l’on puisse y insérer une espace fine, ce qui est généralement impossible avec un simple traitement de texte. On met cependant toujours un espacement après le point-virgule. Par ailleurs, le caractère du point-virgule doit être le même que celui de l’énoncé auquel il appartient; ainsi, s’il est précédé d’un mot en italique, mais que tout le reste de la phrase est en romain, le point-virgule doit être en romain.
Point-virgule et phrases juxtaposées
On emploie le point-virgule entre des phrases juxtaposées dans des contextes où l’on établit clairement un lien logique entre le contenu des deux propositions. On peut ainsi exprimer un rapport d’implication, d’opposition ou de succession. Le point-virgule signale alors l’unité de l’ensemble.
Exemples :
– Les pensées se bousculaient dans sa tête. Elle ne pouvait accepter cette promotion : elle aurait moins de temps libre; elle devrait déménager; elle aurait à voyager plus souvent; son conjoint serait sans doute déçu; et pourtant elle avait une envie irrésistible d’accepter.
– Rébecca frappa à la porte; Pascal lui ouvrit; il l’invita à entrer; et il ferma la porte derrière elle.
Le point-virgule peut aussi lier des phrases juxtaposées parallèles, c’est-à-dire dont la structure et le contenu sont semblables. On y exprime souvent une opposition, une comparaison, un contraste. Le point-virgule met alors en évidence la symétrie des propositions qu’il lie.
Exemples :
– Les semaines sont trop longues; les fins de semaines sont trop courtes; et les vacances sont trop rares.
– Céline aime Pierre; Pierre aime Roberte; Roberte ignore Pierre.
– Louise aime le canard; Marcel préfère le lapin.
Lorsque le point-virgule lie de telles phrases, le verbe de la deuxième (et des suivantes, s’il y a lieu) peut être sous-entendu. Dans ce contexte, le point-virgule devient essentiel, puisqu’il s’oppose alors à la virgule, qui marque l’ellipse.
Exemples :
– Les semaines sont trop longues; les fins de semaines, trop courtes; et les vacances, trop rares.
– Jeannot devait apporter le vin; Myriam, la salade; Odette, l’entrée; et Philippe, le dessert.
Point-virgule et propositions subordonnées
La valeur du point-virgule se situant entre celle de la virgule et celle du point, ce signe de ponctuation est parfois employé pour séparer, au sein d’une phrase complexe, différents éléments de même fonction qui s’enchaînent, particulièrement lorsque certains de ces éléments comportent déjà une ou plusieurs virgules. Le point-virgule joue alors le rôle d’une « supervirgule » coordonnante. Il rend alors la structure du texte et l’enchaînement des idées plus clairs, facilitant ainsi la lecture de la phrase.
Le point-virgule peut donc lier des propositions subordonnées dépendant de la même proposition principale.
Exemples :
– Ce texte s’adresse à ceux qui se questionnent sur la nécessité de consacrer la majeure partie de la vie à pratiquer une activité qu’ils n’aiment pas; à ceux qui cherchent à donner un sens à leur vie; à ceux qui n’ont pas peur de l’instabilité; et à ceux qui sont prêts à faire des sacrifices pour être plus heureux.
– Benoît pourrait se réjouir de toutes les bonnes choses qui lui arrivent ces temps-ci s’il ne souffrait pas d’une vilaine affection de la vue; si cette affection ne lui nuisait pas dans son travail, auquel il tient beaucoup et qu’il ne veut surtout pas perdre; si cette affection n’avait pas des conséquences importantes dans sa vie de tous les jours; et si elle ne lui donnait pas l’impression désagréable qu’il perdrait peut-être la vue un jour.
Lorsque la proposition principale ne vient qu’à la fin de la phrase, on met généralement une virgule entre la dernière proposition subordonnée et la proposition principale.
Exemple :
– Comme Pascal, qui est le meilleur joueur de l’équipe, n’est pas disponible le samedi soir; comme François est toujours occupé le vendredi soir; comme Aline a des cours tous les samedis après-midi; comme Gisèle travaille, une semaine sur deux, le dimanche après-midi; et comme nous tenons tous à répéter chaque fin de semaine, je propose que nous répétions le dimanche soir.
Le point-virgule est souvent employé pour séparer des propositions subordonnées dans les textes et documents administratifs comme les contrats, les jugements, les règlements, etc. Ainsi, les propositions introduites par les formules attendu que et considérant que sont généralement suivies du point-virgule.
Exemples :
ATTENDU QUE le papier est une ressource abondamment utilisée au Québec;
ATTENDU QUE nous ne pouvons considérer la forêt québécoise comme une ressource éternellement renouvelable;
ATTENDU QUE notre organisme devrait donner l’exemple en matière d’économie des ressources,
IL EST PROPOSÉ QUE nous adoptions une directive visant à réduire l’utilisation de papier dans notre organisme.
CONSIDÉRANT QUE le client souhaite obtenir des services de la part de la prestataire de services;
CONSIDÉRANT QUE la prestataire de services consent à fournir au client les services ci-après décrits;
CONSIDÉRANT QUE les parties conviennent de confirmer leur entente par écrit;
CONSIDÉRANT QUE les parties sont habilitées à exercer tous les droits requis pour la conclusion et l’exécution de l’entente consignée au présent contrat;
EN CONSÉQUENCE DE CE QUI PRÉCÈDE, LES PARTIES CONVIENNENT DE CE QUI SUIT : […].
Point-virgule et énumération
On emploie souvent le point-virgule pour séparer les différents éléments d’une énumération, que cette énumération soit horizontale ou verticale.
On peut employer le point-virgule pour séparer les éléments d’une énumération horizontale, et ce, peu importe la longueur des éléments. Le point-virgule est particulièrement utile lorsque certains éléments de l’énumération comportent une ou plusieurs virgules; il permet alors d’éviter la confusion que créerait une virgule, puisqu’on ne saurait plus très bien comment séparer les éléments. Le point-virgule peut aussi être employé pour séparer les éléments d’une énumération ne comportant aucun autre signe de ponctuation.
Exemples :
– La Banque de dépannage linguistique comprend des articles sur les sujets suivants : l’orthographe; la grammaire; la syntaxe; la ponctuation; le vocabulaire; la typographie; les sigles, abréviations et symboles; les noms propres; la prononciation; et la rédaction et la communication. (Dans cet exemple, la virgule aurait pu porter à confusion, puisque l’élément les sigles, abréviations et symboles comprend déjà une virgule.)
– Le conférencier abordera trois sujets : l’utilisation d’Internet à domicile; l’utilisation d’Internet au travail; et l’utilisation d’Internet à des fins personnelles au travail.
Pour séparer les différents éléments d’une énumération verticale, on peut employer le point-virgule, et ce, peu importe la longueur ou la ponctuation interne des éléments de l’énumération. On peut même employer ce signe lorsque des éléments de l’énumération comportent eux-mêmes un point-virgule ou encore un point. Dans des circonstances précises, on peut utiliser d’autres signes de ponctuation : la virgule si les éléments sont très courts, ou le point lorsque chaque élément de l’énumération constitue une phrase.
Exemples :
– La Banque de dépannage linguistique comprend des articles sur les sujets suivants :
a) l’orthographe;
b) la grammaire;
c) la syntaxe;
d) la ponctuation;
e) le vocabulaire;
f) la typographie;
g) les sigles, abréviations et symboles;
h) les noms propres;
i) la prononciation;
j) la rédaction et la communication.
– Philippe avait envie d’accepter cette offre d’emploi, mais trois faits l’en ont dissuadé :
1° le salaire offert était nettement inférieur à son salaire actuel;
2° le nombre de semaines de vacances était insuffisant;
3° les bureaux de l’entreprise étaient situés très loin de chez lui.
Dans une énumération verticale, lorsque les différents éléments sont séparés par un point-virgule, les éléments peuvent commencer par une majuscule ou par une minuscule; il faut alors tenir compte du type de numérotation utilisé.
Source : OQLF